L’approche géopolitique de la question de l’énergie est essentielle à la compréhension du monde actuel ; elle compose en outre une vision réaliste de l’avenir de l’humanité. Les formidables transformations enregistrées à l’époque contemporaine (XIXe et XXe siècles) reposent sur la mobilisation de quantités d’énergie sans cesse en augmentation. Au-delà du partage entre « énergies de stocks » et « énergie de flux », on observe avec J.-M. Jancovici l’impact colossal des machines dans tous les compartiments de la vie moderne. Mais, avec le dérèglement climatique et l’épuisement progressif des ressources, les limites du système sont devenues aujourd’hui clairement perceptibles. À l’échelle planétaire rien ne semble pourtant infléchir les tendances de fond et la « transition énergétique » demeure plus incantatoire que réelle. Pour les trois principales énergies fossiles, le modèle économique dominant associe de très grandes entreprises (Gazprom, Aramco, Sinopec, Petrobras…) à l’encadrement des États. Cependant les frontières politiques ne viennent jamais circonscrire l’action des uns et des autres : le marché mondial de l’énergie se présente comme un échiquier en perpétuel mouvement. Parallèlement à l’omniprésence des États-Unis, les grands producteurs (Moyen-Orient, Russie…) entretiennent des liens changeants avec les principaux foyers de consommation (Chine, Europe) et des pays émergents très demandeurs. A moyen terme, le maintien des trajectoires actuelles hypothèque des éléments-clés de notre existence : niveau de vie, existence même de la démocratie en Occident… La mondialisation économique devrait s’essouffler quand, dans le même temps, des mouvements migratoires sans précédent sont attendus. Malgré les progrès scientifiques, l’énergie miracle (fusion nucléaire ? hydrogène ?) n’est pas encore à l’ordre du jour ; les mesures incitant à la sobriété semblent donc bien constituer, pour l’heure, les leviers les plus efficaces...
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