Souvent pratiqué, l’amalgame entre matières premières et énergies s’avère peu satisfaisant d’un point de vue sémantique même si les unes des autres se rejoignent dans la problématique de la transition énergétique. Examinées dans leur dimension la plus large, les matières premières jouent un rôle capital dans l’économie de tous les pays et, par les échanges, déterminent les contours de la mondialisation. Indépendamment du fait que les produits bruts les plus convoités ont varié au cours de l’histoire, une tendance majeure se dessine à notre époque : la pression croissante sur les ressources, comme le montrent trivialement les exemples du sable de construction ou des minéraux nécessaires à la fabrication d’engrais. Dans une perspective plus resserrée, les métaux représentent dorénavant les matières premières les plus recherchées avec une demande en très forte croissance et, pour certains d’entre eux, des risques réels de pénurie à court ou moyen terme. Souvent les mieux dotés, les « États continents » disposent ainsi de ressources précieuses qui, malheureusement, ne sont pas toujours mises au service du développement des populations mais plutôt d’une économie de rente. Spécialisées dans l’extraction, des régions jusqu’ici oubliées de la mondialisation s’imposent sur la scène internationale. En dernière analyse, la quête des « terres rares » résume à elle seule la question de la transition énergétique et de la course à l’innovation. Au centre du jeu, la Chine fait aujourd’hui la pluie et le beau temps : le premier producteur mondial de terres rares développe une diplomatie basée sur une fluctuation des exportations et une stratégie de montée en gamme. Des smartphones aux éoliennes, en passant par les véhicules électriques, toute la nouvelle économie mondiale repose pourtant sur les terres rares, si bien que les grandes puissances n’ont désormais de cesse que de réduire leur dépendance vis-à-vis de Pékin.
Aperçu du diaporama ci-après